lundi 1 août 2011

CHOSE PROMISE CHOSE DUE

C'est ERIC DODON qui est l'auteur de cette illustration. Son site: ericdodon.canalblog.com

QUI DIT QUE LES ÉCRIVAINS NE PRENNENT JAMAIS DE VACANCES?

Après une semaine à Paris et le gris vert de Giverny, quelques jours sous le soleil de Balagne, non, non je ne vous ai pas oublié et puis j'ai lu, OUI, OUi, OUI. Pour mon café littéraire des rencontres au Lazaret j'ai eu le grand plaisir de lire Philippe Forest, Alain Mabanckou, que du bonheur! Je me suis aussi octroyée un choix tout personnel mais OH combien enrichissant : la lecture de "CHANSONS POUR LA FILLE DU BOUCHER" de PETER MANCEAU éd Bourgois, COURREZ L'ACHETER!!!!! ET AUSSI "LE SIÈCLE DES NUAGES" P;FOREST ET "DEMAIN J'AURAI 20 ANS" de MABANCKOU.

Voilà voilà j'espère que je me suis rattrapée et puis d'ici quelques jours, rien que pour vous, de nouvelles illustrations. Bon, c'est pas tout ça, mais les vacances c'est du boulot, alors maintenant je vais bosser...

vendredi 8 juillet 2011

Festival littéraire Ajaccio Septembre

Les samedi 2 et dimanche 3 septembre

3ème édition de « Racines de ciel » Rencontres littéraires

avec la participation de Marcu Biancarelli, Azouz Begag, Philippe Forrest, Alain Mabanckou, Jacques Thiers

mercredi 15 juin 2011

OÙ VONT LES MOTS LA NUIT?

La nuit je couds des mots entre deux lignes de fer
Les mots se tordent dans la grande oeuvre d’argent qu’est ma cervelle
tandis que je veux être digne
tenir debout entre les lignes
en équilibre instable, obstinée à marcher
dans le massif de mon alphabet
Et je tiens, bien décidée à compter tous les mots de ces lignes
Je suis dans mon lit et je réfléchis
Si je ne bouge pas, peut-être que les mots vont ralentir
j’aurais du temps, c’est ça, le temps de vivre
Rester immobile
sous l’oeil du plafond.
Si j’ouvre les yeux, tout espoir est permis
l’Ordinaire n'atteint pas les lignes
l’oeil sauve des mots
Si je garde les yeux ouverts comme un poste de télévision, tendue vers le plafond, au gré des visions, je suis sauvée.
J’ignore les lézardes qui traversent le plâtre
elles me rappellent les lignes
Oui, bien sûr je pourrais y coucher des mots
des mots qui envahiraient le plafond, et je serais une nouvelle fois entourée de toutes ces lettres, sous les lignes de plâtre, 
ensevelie, réjouie, les yeux sur la meilleure partie de moi-même.

lundi 6 juin 2011

Mon dernier coup de coeur

C'est un coup de coeur littéraire mais aussi éditorial, la maison Monsieur Toussaint Louverture nous fait redécouvrir "LE DERNIER STADE DE LA SOIF" de F.Exley, ou l'expérience d'un homme, l'essence d'une vie, ses échecs, ses illusions, ses désirs dans une Amérique de feuilletons télévisés, une Amérique aux dents blanches qui ne reconnait pas les siens, c'est-à-dire nous, vous, tous ceux qui connaissent les catastrophes ordinaires de la vie. C'est drôle, touchant, intelligent, c'est tout ce que j'aime dans la littérature. Faisons honneur à ce monsieur Exley qui a eu une vie que peu de gens aimeraient avoir, mais que presque tout le monde aimerait lire.

jeudi 26 mai 2011

SOUS LA PLUIE

Moi, lorsque j'étais petite, sous la pluie comme aujourd'hui, j'allais voir où s'en vont les gouttes. C'était une chose incroyable!
Je scrutais le ciel tout en clignant des yeux parce que j'essayais de suivre une seule goutte à la fois, et son parcours du ciel à la route. J'en perdais souvent plus d'une mais je recommençais toujours. 
J’étais une enfant obstinée. 
Ainsi, sous la pluie, j'ai appris une chose: les gouttes voyagent selon leur envie et les seules que j'ai suivies sont toutes passées à travers le miroir des flaques d'eau. Moi, avec mes souliers, j'avais l'interdiction d'y aller. Voilà pourquoi je n'ai jamais pu suivre une goutte à travers le miroir des flaques d'eau. Maintenant je suis trop grande et lorsque je saute à pieds joints dans les flaques, l'eau se trouble et les gouttes s'enfuient. 
Cependant, j'ai gardé de ce temps l'amour de la pluie.

mardi 24 mai 2011

A VOS POSTES DE TÉLÉVISION LE 1ER JUIN

Mardi 22 mai 2011

France 5

Une émission présentée par Noëlle Bréham et Stéphane Marie.
Deux ans après les «Contes du Potager;», Sire Poirot et Docteur Navet, nos deux détectives de chocs, sont invités dans leur émission potagère préférée, «Silence ca pousse !» sur France 5. Soyez nombreux à admirer leur prestation le 1er juin.
Les retardataires pourront enregistrer l'évènement le 4 juin.
Le 1er et le 4 juin 2011

dimanche 22 mai 2011

...(suite cahier à spirales)

Bâtir. Là où tout n'était que campagne dire les gratte-ciels; là où tout n'était qu'ennui, écrire le débordement du monde; là où tout n'était que silence construire le bruit; là où tout n'était qu'attente, imaginer la ligne d'arrivée, le futur.
Avec les gouttes d'encre, construire l'orage qui naît sur les hauteurs de la vallée de la Restonica, faire entrer la pluie à travers les pages, sentir le monde qui descend de là-haut et qui ruisselle sur les joues, comme autant de larmes libérées. Tenir le crayon, main dans la main, pour toujours accompagnée, et croiser les mots comme autant de personnes à rencontrer. Inventer l'amour, choisir un secret et que rien ne s'efface.

Une grande partie de son temps l'enfant bâtissait, à coup d'encre et de papier.
Il y avait la fois où elle avait écrit la mère qui découpait la pâte fraîche pour en faire des raviolis. Avec la bouteille qui roulait sur la pâte pour l'aplatir, avec l'odeur de la daube qui montait dans la pièce, elle avait bâti un chapitre entier. La farce remplissait les mots chargés du savoir de la mère, c'était l'invention de la cuisine.
Avec le rasoir du père qui était d'une seule lame, elle avait construit un poème.
Ce rasoir serait plus tard sur son bureau, dans un étui Filarmonica venant d'Espagne et portant le nom de José Monserrat Péri. L'étui est usé, le papier encollé se détache par endroits mais le rasoir y tient parfaitement. Ce rasoir Solingen, qui ne saigne plus personne et qui porte trois tâches de rouille, est dans un étui pour Harmonica. C'est là qu'elle s'est souvenue que le père jouait de l'harmonica.
Avec les souvenirs des filles elle avait construit l'enterrement du passé. Des pages et des pages, des dessins et des bouts de papier déchirés, collés. Un cahier comme une tirelire, un trésor à cacher.
Il fallait alors se promener à la recherche de pétales de fleurs, de chutes de ruban, de jolis cailloux lisses, trouver un beau morceau de verre pour recouvrir la composition, faire un trou dans la terre et enterrer le souvenir pour plus tard, " Quand on sera grandes."

- tu viens, on va faire des souvenirs! disaient les filles.

Elles sortaient et trouvaient une capsule dorée, une feuille de menthe sauvage, un morceau de papier, le tesson poli d'une bouteille et creusaient pour enfouir leur trésor. La terre de la place Saint Marcel était trouée comme un gruyère, l'enfant creusait le papier.

Y avait-il seulement des chapitres consacrés à l'enfant?
Qui pouvait écrire ça?
Qui pouvait travailler le cahier pour elle?
Qui pouvait creuser son histoire?

Mais l'histoire de l'enfant c'est l'histoire de l'écriture, l'histoire de l'enfant c'est l'histoire du père, c'est l'histoire des gratte-ciels, c'est l'histoire de la mère, c'est l'histoire de la vieille machine à découper la pâte, c'est l'histoire des souvenirs, c'est l'histoire de la danse et l'histoire des soeurs...
Et le cahier s'est rempli composant la musique du père, la voix des soeurs, la cuisine de la mère, la marche des fourmis autour de ses souliers, le vent sous les hêtres tachés, les souvenirs enterrés.

Où était le mal à ne pas jouer avec les autres?
Les autres, elle les transportait dans ses sacs, elle les enroulait dans sa spirale.

L'enfant regardait tous les autres et toutes choses comme une première fois. Le cahier était l'invention du monde. Il avait commencé dans les grottes, avant elle, avant son père et sa mère, avant ses grands-parents, avant les parents de ses grands-parents, au Commencement, avant toutes les personnes qui s'étaient enlacées pour arriver jusqu'à elle, l'enfant de la chambre bleue.

mercredi 18 mai 2011

le cahier à spirales (suite)

...Elle courait dans les airs comme les mots couraient sur le papier. Puis, les filles sautaient sur les lits de la vraie vie, elles se balançaient l'une sur l'autre. Sur le dos, les jambes à la verticale et les pieds soulevant l'une  d'entre elles, elles roulaient dans un mouvement de bascule qui les faisait rire. C'était la fête foraine.
Mais pour l'enfant, le cahier était la meilleure façon d'être vivante.
Les interlignes l'éloignaient de la mort pour bâtir un père qui vivrait, pour bâtir un continent. Il fallait toujours plus de mots pour bâtir. La construction était infinie parce que les mots pouvaient être de toutes les langues. Il n'y avait pas un seul sac de mots à sa disposition mais des sacs et des sacs, autant de sacs que de langues.
Elle pouvait compter les lettres de tous les mots de toutes les rues, elle n'aurait pas peur de devenir folle comme lorsque le père est parti, comme lorsque les soeurs sont parties, parce qu'il y aurait toujours une place pour eux dans le cahier vert. Et ce serait bon de les retrouver sans avoir à crier, à pleurer, à crier et à pleurer en même temps. Ce serait bon de ne plus marcher sur cette ligne invisible de peur de tomber dans le vide. Ce serait bien d'imaginer une famille sans histoire, comme si ça existait. Voir vieillir le père et la mère, garder les soeurs. Grimper jusque chez la grand-mère à travers les rampes aux noms étranges, rampe Ribanelle, rampe Sainte-Croix et toujours la voir en habit noir. Imaginer des jeux avec les filles de la place Saint Théophile, des jeux faciles, sans course folle genoux-cailloux.

Ce serait bien d'imaginer une vraie ville où monteraient des milliers de mots comme des ballons gonflés à l'hélium, des mots pour monter au ciel:

- vous vous rendez compte! elle téléphone à mon mari tous les matins, c'est une femme qui est en train de divorcer!
- lorsque tes yeux vont se fermer, tu penseras à moi?
- Quelle chance elle a d'avoir une maman si merveilleuse!
- Tu as vu comme le temps de la terre évolue bizarrement!
- Te souviens-tu de l'eau des Scaravaglie?
- Je suis tendu comme un arc.
- Ça fait quatre ans que je traîne le mal.
- Pourquoi je ne pourrai pas étendre mon courage à tout?
- J'aime que tu m'aimes.
- Il faut faire à sa mesure c'est déjà bien.
- Je ne vois pas d'hommes, je vois des chairs qui gesticulent.
- Où sont les voix? Et les voix étrangères, celles que je ne comprends pas, où vont elles?
- Je voudrais revoir le ciel dans son entier...

samedi 14 mai 2011

Je raconte

...Je raconte, répondait l'enfant.

Puis, elle prenait contre elle son cahier vert et s'éloignait dans la spirale des sacs de mots à comprendre.
Les mots ne l'ont jamais déçue.
Les mots étaient l'univers dans son infini, ils repoussaient les murs de la chambre bleue, prenaient l'odeur de la mer qu'elle n'avait jamais vue et la transportaient jusqu'à elle. Les mots prenaient les enfants dans la rue et jouaient avec elle. Les mots prenaient le goût des fruits exotiques et elle pouvait les croquer.
Alors les soeurs entraient dans la chambre et bousculaient tout. Elles poussaient les lits et branchaient le tourne-disque. Claude François chantait "Ça s'en va et ça revient" et les grandes dansaient. Elles étaient les Claudettes de la chambre bleue. Elles remontaient leurs jupes et l'enfant se joignait à elles pour les imiter. C'est vrai qu'elle aimait danser. La danse aussi aidait à la réparation. Elle courait dans les airs comme les mots couraient sur le papier...

jeudi 12 mai 2011

Mais...

Mais l'enfant vivait dans le cahier, là où les vélos existent, où les ballons roulent sur les places, où les murailles encerclent la Chine. Et, chaque fois qu'il y avait un vélo à enfourcher, l'enfant prenait son cahier dans la chambre à la tapisserie bleue, sur le carrelage froid, contre le mur. Et chaque fois qu'il y avait un ballon à faire rouler, l'enfant prenait son cahier et faisait rouler les mots sur le papier. Les murailles encerclaient la chambre, l'écriture triomphait de la pierre. La pièce devenait aussi vaste qu'un continent.

- Va jouer dehors avec les autres! disait la mère.

c'était comme dire:

- Laisse tomber ce fichu cahier! Les mots ne t'offriront rien de la vie!
- Est-ce que les mots sont justes? demandait l'enfant.
- qu'est-ce que tu me chantes? répondait la mère, agacée.
- est-ce que la vie est juste?
- Bien sûr que non! disait la mère
- Alors je trouverai les mots justes et j'en ferai ma vie, répondait l'enfant. Je les accrocherai aux fenêtres pour y voir clair, j'en envelopperai mon lit pour m'y réfugier la nuit, et je vous couvrirai de mots pour que toujours vous soyez là, juste à côté de moi, dans la vie injuste.
- Qu'est-ce que tu racontes? disait la mère.
Je raconte, répondait l'enfant.

.....

mardi 10 mai 2011

Le Cahier à Spirales est ma présentation

Demain je vous écrirai, c'est promis. Il y aura des mots, de la moleskine, de la littérature et toutes ces lettres qui font que je suis chez moi, enfin, lorsque j'écris.
Pour commencer :

Le Cahier à spirales

L'enfant avait choisi un cahier vert à spirales. Le cahier était précieux.
Sous l'oeil sévère de la citadelle, l'enfant coinçait le cahier contre sa poitrine puis s'enfermait dans une chambre qui n'était pas tout à fait sa chambre, c'était la seconde chambre de la maison, la chambre de toutes les filles.
Dans le cahier, elle écrivait la chambre du père, les draps qui recouvraient le corps amaigri, la douleur et l'effroi, les choses qui ne se regardent pas.
Elle choisissait la poésie, le centre des pages pour dire les choses secrètes comme le sont la peur, la souffrance et les désirs. Elle écrivait aussi sur le monde au-delà de la chambre, elle s'appliquait sur les lettres parce que les lettres formaient les mots et les mots réparaient tout.
Elle voulait tellement avoir son cahier parce que son cahier était tout le beau de sa vie, son cahier était la RÉCONCILIATION.
Il n'était pas difficile de vivre dans le cahier, les lignes étaient déjà tracées, les carreaux pouvaient accueillir toutes sortes d'existences, on pouvait même dépasser la marge sans risquer d'en souffrir. Alors, elle regagnait la chambre de tout le monde pour exister. Le bord des pages contenait des dessins, c'étaient des dessins d'enfant au crayon à papier, des dessins qui disaient:

Je ne veux pas que papa meure
Je voudrais vivre ailleurs
Je ne veux pas aller à l'école
Je veux rester seule, laissez-moi.

il y avait aussi les dessins de l'espoir, de la couleur, des fleurs pressées entre deux feuilles. Ce que disaient les fleurs de l'enfant, c'était:

Elle est seule, trouvons lui un jouet.
Où sont les poupées habillées, déshabillées, cheveux découpés?
Est-ce que le cahier est un jouet?
Il faut que l'enfant sorte, qu'elle joue au ballon, qu'elle fasse du vélo, qu'elle enjambe les murailles.

Mais....( La suite très bientôt)