jeudi 12 mai 2011

Mais...

Mais l'enfant vivait dans le cahier, là où les vélos existent, où les ballons roulent sur les places, où les murailles encerclent la Chine. Et, chaque fois qu'il y avait un vélo à enfourcher, l'enfant prenait son cahier dans la chambre à la tapisserie bleue, sur le carrelage froid, contre le mur. Et chaque fois qu'il y avait un ballon à faire rouler, l'enfant prenait son cahier et faisait rouler les mots sur le papier. Les murailles encerclaient la chambre, l'écriture triomphait de la pierre. La pièce devenait aussi vaste qu'un continent.

- Va jouer dehors avec les autres! disait la mère.

c'était comme dire:

- Laisse tomber ce fichu cahier! Les mots ne t'offriront rien de la vie!
- Est-ce que les mots sont justes? demandait l'enfant.
- qu'est-ce que tu me chantes? répondait la mère, agacée.
- est-ce que la vie est juste?
- Bien sûr que non! disait la mère
- Alors je trouverai les mots justes et j'en ferai ma vie, répondait l'enfant. Je les accrocherai aux fenêtres pour y voir clair, j'en envelopperai mon lit pour m'y réfugier la nuit, et je vous couvrirai de mots pour que toujours vous soyez là, juste à côté de moi, dans la vie injuste.
- Qu'est-ce que tu racontes? disait la mère.
Je raconte, répondait l'enfant.

.....

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire